Vendanges 2025 : entre qualité au rendez-vous et fragilités persistantes

Vendanges 2025 : entre qualité au rendez-vous et fragilités persistantes

Malgré une météo capricieuse et une conjoncture économique tendue, la campagne 2025 confirme la résilience des vignobles d’Occitanie. Si les volumes sont globalement en retrait, la qualité s’annonce très satisfaisante, voire excellente sur certains segments. Tour d’horizon des principaux bassins viticoles d’Occitanie et du Sud-Ouest.

Languedoc : des rouges remarquables malgré une récolte historiquement basse

« La quantité est historiquement plus basse que 2021, qui était déjà un record », constate Pierre Bories, président du Comité interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL). Même les zones ayant bénéficié de précipitations accusent une baisse sensible. Les AOC semblent toutefois un peu moins impactées.
Côté qualité, le millésime s’annonce très prometteur : rouges concentrés et aromatiques, rosés équilibrés et blancs dotés de « jolies tensions ».
Mais les incertitudes demeurent. La baisse de la consommation mondiale pèse davantage que la production, tandis que les aléas climatiques fragilisent les exploitations. « L’accès à l’eau va devenir une problématique majeure pour l’agriculture », prévient Pierre Bories, qui souligne aussi les effets des incendies estivaux sur l’activité œnotouristique de l’Aude.

Roussillon : qualité confirmée, inquiétudes économiques

Dans les Pyrénées-Orientales, la production se maintient à un niveau équivalent à celui de 2024, mais sur une surface réduite de 2500 hectares. « Les volumes sont stables, mais la qualité est très bonne, surtout pour les blancs et les rosés rentrés avant la canicule de mi-août », explique Jean-Christophe Bourquin, président du CIVR.
Le marché, lui, reste difficile. Le négoce tarde à se positionner sur les rouges, et les muscats souffrent du recul de la consommation. L’interprofession engage des réflexions de fond sur l’avenir de la viticulture catalane, notamment sur la gestion différenciée des parcelles et la question cruciale de l’eau : « Il faudra lever les freins administratifs pour faire avancer les projets », souligne Jean-Christophe Bourquin.

Pays d’Oc : une valeur refuge en période d’instabilité

Pour Jacques Gravegeal, président de l’IGP Pays d’Oc, la situation illustre celle du vignoble régional : « La chute des volumes est significative, mais Pays d’Oc reste une valeur refuge. »
Les conditions climatiques ont favorisé une belle maturité des raisins, avec des fruits particulièrement sucrés et un potentiel qualitatif élevé pour les exploitations ayant su gérer leur calendrier de vendanges.
Le président s’alarme toutefois d’un déséquilibre économique global : « Il n’y aurait pas de surproduction si on retirait les vins importés d’Espagne. Cela me met en colère, car cela fragilise nos vignerons. »

Sud-Ouest : la filière au bord de la rupture

Dans le Sud-Ouest, la baisse de production atteint jusqu’à 30 % selon les zones. Deux épisodes caniculaires et une sécheresse persistante ont pesé sur le rendement. « Si on ne réforme pas la filière très rapidement, on va perdre beaucoup d’opérateurs », avertit Christophe Bou, co-président de l’IVSO.
La qualité reste au rendez-vous, notamment sur les blancs, grâce à une fin de vendanges ensoleillée. Mais la crise structurelle s’aggrave : en cinq ans, le bassin n’a produit que l’équivalent de trois récoltes normales. « Les vignerons ne peuvent plus s’assurer, les modèles économiques ne tiennent plus », résume-t-il.

Une filière en mutation

Au-delà des disparités régionales, ces vendanges 2025 confirment les défis d’une viticulture méridionale en pleine mutation : adaptation au changement climatique, redéfinition des modèles économiques et reconquête des marchés.
Entre résilience et inquiétude, le millésime s’annonce de belle facture, mais il s’inscrit dans un contexte où la qualité seule ne suffit plus à garantir la pérennité.

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